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J’ai toujours voulu être maman.

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J’ai toujours voulu être maman.

J’ai toujours voulu être maman. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré les enfants, et ils me le rendent si bien.

Et me voilà à 25 ans, mon fils aura bientôt 1 an et demi. Je pourrais vous dire que ce fût 1 an et demi d’amour, de passion, de bonheur, de joie, d’aventures, d’adoration. Je pourrais vous dire que j’ai aimé mon fils dès le premier regard, que j’ai senti cette connexion que toutes les mères (ou du moins la plupart) parlent lorsqu’elles accouchent.

J’aimerais pouvoir vous dire tout ça, mais j’ai décidé de vous parler de mon histoire. Je dois avouer que tout n’a pas toujours été rose. En fait, ma maternité ne s’est pas passée comme prévu. Vraiment pas comme prévue…

Mon fils est né le 8 septembre 2017. J’ai crevé les eaux en matinée pour me rendre à l’hôpital avec mon chum. Pour ne pas traumatiser personne, je vais sauter quelques petits détails, mais j’ai dû accoucher en césarienne d’urgence et sous anesthésie générale. L’anesthésie générale m’a non seulement gelée «bin raide», mais elle m’a aussi empêchée de voir la sortie de mon fils. Je ne me souviens pas de mon réveil ni de la première fois où j’ai vu mon bébé. Pour être franche, je vous dirais que ça m’a pris une bonne semaine pour me remettre de cette anesthésie. J’avais beau regarder mon fils et ses grands yeux, je le trouvais magnifique, mais c’est difficile de vous exprimer le vide qui m’envahissait. J’ai eu trop de deuils à faire en même temps : le deuil de ne pas avoir accouché naturellement, le deuil d’avoir manqué ses premiers instants de vie, le deuil de ne pas avoir été capable d’allaiter du premier coup. Et quand tu accouches d’un enfant, tu accouches aussi de ce sentiment que l’on connait tous : la maudite culpabilité. Mon chum a tenté à maintes reprises de m’aider du mieux qu’il pouvait, mais ce serait encore vous mentir de dire que le temps a fait les choses et que je me suis sentie mieux.

Mon chum a rapidement repris le travail. 2 semaines après l’accouchement pour être précise, simplement parce qu’on n’avait pas le choix! Je suis donc restée seule à notre appartement avec bébé et je ne suis pas sortie. En fait, je n’ai pas quitté mon sofa pendant plusieurs mois. Et je suis sérieuse, les springs du sofa sont morts et lorsque l’on s’assoit à la place où j’ai habité quasi 24/7, la partie s’enfonce vraiment. Tout comme ce sofa, je m’enfonçais ou plutôt, je disparaissais. J’étais absente de mon propre corps. Je regardais mon fils et me demandais si un jour j’allais ressentir cet amour intense dont tout le monde me parlait. «Tu vas voir, c’est le plus beau jour de ta vie! J’te l’dis, quand tu le vois, c’est le coup de foudre! Hey, stresse-toi pas pour allaiter, ça va biiiiin aller!» Toutes ces phrases qui, malgré leur bienveillance, ne m’ont aucunement aidée.

Et le noir a commencé à envahir ma vie.

Je n’avais plus le goût de rien, j’étais constamment fatiguée, je ne riais plus, ne souriais plus. Bien que j’aie travaillé en psychiatrie, je niais éperdument le fait que je puisse faire une dépression post-partum. Plusieurs personnes se disent : «Je suis trop forte mentalement pour faire une dépression, je vais toujours me donner un coup de pied dans le derrière. Je suis trop forte pour ça.» Franchement, je le pensais aussi. Mais c’est quand tu regardes ton chum et ton fils, que tu te dis : « Pourquoi je n’arrive pas à être heureuse? Qu’est-ce qu’il me manque?»

Malheureusement, je n’ai pas consulté tout de suite, quoique mon médecin m’ait vu à plusieurs reprises sans rien remarquer.  Plusieurs me disaient : «C’est le baby blues, j’ai entendu dire que c’est la baisse d’hormones qui fait ça. Ça va aller.»  Cette phrase-là : «ça va aller!» m’enfonçait encore un peu plus chaque fois. Dès qu’un sentiment de joie tentait d’envahir mon corps, il se faisait écrapoutir comme un tracteur qui écrase une fourmi. Je ne suis pas là pour vous vendre du rêve ni pour vous dire que tout est difficile et rempli de noirceur.

J’ai fini par en discuter avec des gens qui travaillaient en psychiatrie, je me suis prise en main, je me suis donné des objectifs et je m’en suis sorti. Sans séquelles serait un mensonge, car je sens qu’au fond de moi, je resterai toujours fragile.

La maternité, la paternité, ce n’est pas facile. C’est loin d’être beige. C’est jaune, rose, rouge et parfois noir. Vous pouvez acheter tous les livres du monde, rien ne vous prépare à être parents. C’est un parcours du combattant. Un parcours où on se remet en question chaque jour et où le sentiment de culpabilité revient faire son coucou de temps en temps. Ça implique souvent de se demander si on fait la bonne affaire.

Quand on accouche, on accouche plus que d’un enfant. On accouche d’une mère, d’un père, de la culpabilité, parfois de la honte, d’un parent déboussolé, d’une grande vulnérabilité, d’une force incroyable et surtout, de beaucoup d’amour.

Rassurez-vous, depuis cette histoire j’ai vieillie. Aujourd’hui à 29 ans et des poussières, j’ai eu 2 autres enfants après ma dépression post-partum. 2 beaux bébés, toujours par césarienne. Comme c’était beau! Moi qui croyais que je devais faire le deuil de ne pas avoir accouché «naturellement» ! Franchement, me faire couper 3 fois les muscles pour me faire demander de marcher quelques heures plus tard, je me trouvais pas mal hot!

Tout cela pour vous dire que le chemin pour devenir parent ou le chemin du parent présent, c’est sinueux. Ce n’est jamais comme prévu, c’est un travail éternel de confiance en ses capacités, de remises en questions et aussi de lâcher prise.

Si vous ressentez des symptômes d’irritabilité, de sautes d’humeur, de l’anxiété ou la sensation d’être englouti(e) par la vie, consultez. Parlez-en. Cherchez de l’aide. Demander de l’aide n’est pas une preuve de faiblesse, mais de force. Il est normal après un accouchement d’avoir un drop d’hormones. Ça dure généralement 2 semaines. Mais dès que les symptômes perdurent, on consulte, on va chercher de l’aide. On prend tous les moyens pour éviter de se noyer.

J’ai toujours voulu être maman, du plus loin que je me souvienne. Et aujourd’hui, je suis maman de 3 enfants et je tente tous les jours de faire de mon mieux. Sans pression. Sans jugement. Mais avec tout mon amour.

 

Audrey Billeau

Infirmière clinicienne

Fondatrice de la Maman Infirmière

Site web
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